Au cœur de la forêt amazonienne !
Depuis Balneàrio Camboriú, nous avons parcouru 4 000 km pour rejoindre Manaus, au nord de ce grand pays. Cette ville de 2 millions d’habitants, dont 70% sont des descendants d’indiens, se situe en plein de cœur de la forêt amazonienne, au bord du Rio Negro, le « Fleuve Noir ».
Dès le lendemain de notre arrivée, notre guide José vient nous chercher pour nous emmener passer 4 jours dans un petit coin reculé de la jungle !
La rencontre des deux eaux
Nous embarquons dans un bateau avec deux autres touristes français. Nous naviguons d’abord sur le fleuve Rio Negro qui porte très bien son nom. En effet, sa couleur est d’un noir intense du fait de la décomposition des feuilles des arbres, qui viennent se mélanger à l’eau. Ce fleuve noir rejoint ensuite le fleuve Solimões qui, lui, est couleur sable.
La rencontre des deux eaux offre un spectacle étonnant ! Les deux couleurs se juxtaposent, puis apparaissent par taches pour ensuite n’être plus que marron clair.
Le fleuve Solimões est plus froid, plus rapide et plus gros, c’est donc lui qui l’emporte ! Ainsi se forme l’immense fleuve Amazone. D’autant plus immense lorsqu’on sait que sa largeur, au départ de 100m, va s’élargir jusqu’à 300km à son delta.
Au bout de 40 minutes, nous prenons un petit passage qui conduit au lac des « poissons électriques ». Des oiseaux bleus et jaunes s’envolent à notre passage comme pour nous accueillir. Un arc en ciel se dessine juste en face de nous.
Nous sommes arrivés a la bonne période : En cette saison des pluies, ce bras de l’Amazone est praticable en bateau car l’eau monte entre 8 et 15 mètres, recouvrant ainsi les plantes et les arbres. Nous sommes alors à une heure de notre destination. En période sèche, seule une mince rivière subsiste et nous aurions mis 3h en pirogue.
Nous savourons chaque instant de cette traversée. C’est tellement incroyable d’être là, en Amazonie !
Un hôtel pas comme les autres
À travers les arbres, nous apercevons un ponton. Le bateau s’en approche pour nous déposer. Sur la berge, nous devinons les toits de quelques cabanes en feuilles de palmiers tressées. Nous avançons encore et découvrons alors la réception, le restaurant et des espaces de détente. Tout est fait de bois et s’intègre à merveille dans le paysage. L’hôtel, qu’on appelle aussi lodge en anglais, est seul dans cet espace entouré de forêt.
Il y a très peu de résidents car ce n’est pas une période touristique. Les étrangers préfèrent venir lors de la saison sèche (juillet à décembre) car on peut voir plus d’animaux.
Notre chambre, une petite cabane, nous plaît beaucoup ! Pour 4 jours, c’est parfait. Il y fait sombre car les toits descendent très bas pour protéger de la pluie. Les fenêtres sont recouvertes d’une moustiquaire… Ce qui n’a pas empêché quelques moustiques et araignées velues de rentrer !
Un joli hamac trône à l’entrée mais nous ne l’avons pas essayé. Nos colocataires, cinq chauves-souris, m’en ont dissuadée.
Pas d’eau chaude, pas d’électricité. Pour lire ou dîner, nous nous éclairons à la bougie !
Le réveil est assez atypique : les scieurs de long, d’énormes scarabées, se mettent au travail. Ils scient des branches des arbres environnants à 6h du matin. Et on peut vous dire que le bruit est identique à celui d’une scie électrique !
Des yeux jaunes dans la nuit noire
Dès le premier soir, après un bon dîner, notre guide nous emmène en barque à la recherche des caïmans !
Nous partons tout excités (et un peu stressée pour ma part !).
L’eau est comme un miroir, rien ne la trouble, les arbres s’y reflètent merveilleusement bien.
Notre guide coupe le moteur et laisse dériver la barque parmi les arbres, silencieusement. Ensuite, il descend. Mais comment fait-il ? Je n’arrête pas de guetter de chaque côté de la barque s’il n’y a pas un gros caïman qui va nous sauter dessus ! Et lui, tranquillement, il nous ramène à la main un petit caïman de 70 centimètres.
Si nous avons attendu la nuit tombée, c’est pour mieux repérer les caïmans. En fait, il est facile de les repérer avec une lampe torche car elle fait briller leurs yeux, qui dépassent juste au dessus de l’eau. (Les caïmans ne peuvent pas respirer dans l’eau, alors ils restent à la surface.)
Le caïman dans les mains, notre guide nous apprend tout un tas de choses : on mange la queue du caïman car c’est là où se trouve la chair; il peut mesurer jusqu’à 3 mètres; la température où sont pondus les œufs déterminera si ce seront des mâles ou des femelles… Ce qui a surtout retenu mon attention, c’est que, contrairement au mâle qui mange ceux de son espèce, la femelle fait tout pour protéger ses petits. Et vu que j’en tiens un entre les mains, il ne m’en faut pas plus pour alimenter mon imagination déjà fertile !
Cela ne m’a pas empêché de toucher et de tenir ce petit caïman à 140 dents !
Au son des tam-tams
Sur le chemin du retour, nous entendons non loin de là des chants, des prières, des percussions. José nous explique qu’un groupe de protestants prend sous son aile, pendant une semaine, des jeunes, entre 12 et 18 ans, tombés dans la drogue et la délinquance. C’est une chose courante ici, à Manaus, pour ces jeunes ! C’est donc par le biais de la religion qu’ils vont tenter de retrouver une vie plus saine.
À peine le pied posé à terre, un guide me montre non loin de notre embarcadère un œil jaune qui brille juste au dessus de l’eau !
J’ai vite compris qu’ici personne ne s’en inquiète car ce sont les animaux qui ont peur, qui fuient les hommes.
C’est au son de la guitare et des chants que nous avons rejoint les autres touristes pour finir la soirée.
Un stage de survie en pleine jungle
Le lendemain matin, José nous emmène dans la jungle ! La végétation y est dense, les arbres sont hauts mais beaucoup moins imposants qu’en amont du fleuve.
Nous nous promenons dans la forêt qui appartient à l’hôtel. Elle est donc protégée mais les excursions y sont fréquentes et les animaux tels les jaguars, les tapirs et les panthères noires l’ont délaissée depuis longtemps. Mais ça, nous ne l’apprendrons qu’après. En attendant, Sébastien fait bon usage de la boussole sur son téléphone, au cas où …
Tout au long de la promenade, notre guide va nous plonger au coeur de la vie amazonienne ! Par ses récits sur les indiens, les plantes médicinales et les animaux, José nous emmène dans un autre univers.
Il nous montre qu’on peut fabriquer une torche grâce à la sève d’un « arbre à pétrole », qu’on peut confectionner des cordes très solides avec les fibres souples qui se trouvent sous les écorces des arbres, qu’on peut récupérer la sève de tel arbre contre la toux ou contre la diarrhée…
Il nous montre des termitières, des fourmis géantes de 4cm de long…
Nous faisons aussi la rencontre d’une araignée-crabe très urticante, de la taille d’une main d’homme.
On met un moment avant de découvrir le capitaine de la forêt, un petit oiseau, couleur des feuilles, qui chante pour annoncer la pluie et qu’on entend de très loin. On entend des toucans. On observe un singe noir qui saute de branche en branche.
José nous explique que les indiens recouvrent leur corps de petites fourmis qui, en mangeant les toxines sur la peau, vont en éliminer l’odeur. Ils pourront ainsi chasser sans se faire repérer par les animaux à leur odeur. Un de leurs rites de passage à l’adulte est de mettre la main dans un pot de fourmis géantes (leur piqûre est venimeuse). On découvre comment ils fabriquent un piège, une sarbacane, le curare (poison paralysant mais non venimeux à base de sève, manioc et piments).
Aujourd’hui, 200 000 indiens vivent dans une réserve (il faut une autorisation pour s’y rendre). Ils étaient un million auparavant. Ils y gardent leur mode de vie alors que d’autres ont rejoint la civilisation moderne. À l’école, ils ont un cours spécifique pour faire perdurer leur culture.
Promenade en barque dans l’igapó
Ce bras de l’Amazone, sur lequel nous naviguons, est pour le moins surprenant. Ici le niveau de l’eau passe de 0 à 8 ou 15 mètres en l’espace de 6 mois à cause des fortes pluies et de la fonte des glaciers de la cordillère des Andes. Certains arbres sont entièrement recouverts d’eau, d’autres ont quelques branches qui dépassent et d’autres encore ont seulement les pieds dans l’eau. Le mode de transport devient donc la pirogue ! Certains commerces sont flottants, certaines maisons aussi. On en voit aussi sur pilotis. Le petit village que nous visitons est inondé d’un mètre pendant 15 jours. Pendant cette période, les habitants vivent à l’étage dans leur maison.
Le propriétaire des terres sur lesquelles se trouve le village est charpentier. Les autres villageois vivent beaucoup de la culture du manioc. Nous croisons une femme en train de pêcher pour son dîner. L’électricité a été installée récemment et on entrevoit une parabole. Le dimanche, les habitants des maisons aux alentours se retrouvent pour un tournoi de foot dont le trophée est un bœuf ou un porc!
Ce que je retiendrai aussi de ce village, ce sont les magnifiques Aras qui nous ont survolés à notre arrivée. C’est tellement magique de voir ces perroquets jaunes et bleus dans leur élément naturel !
Sur le chemin du retour, nous avons eu la chance de pouvoir observer des vautours séchant leurs ailes sur la berge ou encore un paresseux rejoignant l-e-n-t-e-m-e-n-t un autre paresseux mangeant des feuilles tout aussi l-e-n-t-e-m-e-n-t.
La pêche aux piranhas
Une fois de plus, c’est en barque que nous partons ! Les guides nous emmènent dans un petit coin parmi les arbres pour pêcher des piranhas.
D’après les brèves explications de notre guide, ça semble facile. Équipés de notre canne à pêche, tout le monde se met debout et reste prudent. Chacun espère secrètement que personne ne fera chavirer la petite barque !
La technique de pêche est la suivante : il faut faire du bruit dans l’eau avec le bout de sa canne à pêche puis lancer le morceau de viande (accroché au hameçon) et attendre sans bouger. Au moment où ça mord, il faut tirer un coup sec. Et c’est cette dernière partie qui se complique.
Pour Sébastien comme pour moi, c’est notre première partie de pêche aux piranhas, et même notre première partie de pêche tout court. Au bout de la ligne de Sébastien, c’est buffet libre ! Les piranhas viennent y manger tranquillement. Heureusement que nos camarades s’en sortent mieux, ça nous a permis de voir à quoi ressemble un piranha.
Ensuite on change de coin pour pêcher. Et là, c’est l’heure de gloire de Sébastien ! Il a réussi à pêcher … une sardine ! Pas mal ! Ou plutôt si, il a mal pour la petite sardine qu’il doit remettre à l’eau après lui avoir retiré l’hameçon, non sans dégâts.
Après s’être remis de cette douloureuse expérience, Sébastien a décidé de ne plus pêcher que pour manger.
L’Amazone… et les Amazones
C’est donc ravis de l’expérience que nous avons pris le chemin du retour vers la ville, savourant encore le bonheur d’être sur ce fleuve mythique.
Petite anecdote : Le fleuve Amazone doit son nom aux Portugais. Quand ils ont embarqué, une tribu indienne matriarcale les ont attaqués sauvagement. Elles faisaient des enfants avec des indiens d’autres tribus puis tuaient les garçons. Les Portugais les ont comparées aux Amazones de la mythologie et le nom est resté.
Douces soirées à Manaus
Si jusqu’ici la pluie nous a épargné, c’est un véritable déluge qui nous attend au retour à Manaus ! On comprend bien maintenant pourquoi le fleuve grossit autant en cette saison.
Mais en fin de journée, l’arrêt de la pluie rend la ville calme. Nous avons passé nos deux soirées à Manaus sur la place doucement animée du Teatro Amazonas. Là, les couples se rejoignent, se promènent, s’enlacent et s’embrassent sur les bancs. À la terrasse d’un café, un artiste chante des chansons portugaises romantiques.
Le premier soir, on a croisé, par hasard, un couple d’allemands rencontrés lors de notre séjour dans la forêt. On a dîné en terrasse en leur compagnie. Le deuxième soir, on s’est laissé porter par l’ambiance romantique du lieu.
Maintenant plusieurs heures d’avion nous attendent pour rejoindre l’Argentine, le deuxième pays de notre périple !
Encore un sacré dépaysement que vous avez vécu là!!! ça avait l’air chouette mais perso dans la jungle je crois que j’aurais pas pu avec toutes ces « petites » bêtes que vous décrivez là!!!! En tout cas vos descriptifs sont supers et on apprend plein de choses!! Merci!!
Bonne continuation!! Gros bizouxxxx!!!
Bravo pour les commentaires et la pédagogie de ceux-ci ! On vit tout çà presque avec vous ! !
la suite ! la suite ! la suite !
Moi qui suis obligée de me reposer le plus possible pour faire un beau bébé et bien je dois dire que vos aventures me font voyager!bien contente tout de même de ne pas avoir de chauves souris pour le tenir compagnie!Le Brésil s’était super mais moi j’attends avec impatience l’étape de l’Argentine!le tango va vous faire vibrer!on vous embrasse très fort!!!
quel enchantement! cet troisième escapade a été époustouflante! Quant à moi je crois que décidément l’aventure n’est pas faite pour moi ! les chauve- souris, araignées et autres êtres vivants en tout genre me font frissonner! je me régale cependant de vos aventures et que de souvenirs inoubliables. Merci encore de nous les faire partager! A bientôt!
Bonjour Cécile et Sébastien,
Nous voyageons avec vous et nous apprécions tous les détails de vos périples. C’est un plaisir de partager ces moments avec vous.
Bises à vous 2 de nous 2
Jackie et Philippe
Salut tatie Jacky !
Ca m’a fait très plaisir de lire votre message !
L’aventure continue : nous sommes à Buenos Aires et on en profite pour mettre le turbo sur le tango !
http://lesecretdatlas.com/buenos-aires/
A très vite !
Que dire, sensationnel ! Cécile, je dois te dire que je tombe sous le charme de ta littérature (je suis sérieuse) Je ne vais pas répéter tout ce qui vient d’être dit, mais j’y souscris totalement. Je termine ma journée par cette découverte, ce petit moment de voyage en votre compagnie.
Bonne continuation et d’énormes bises nantaises
Après tous ces périples tu oublieras ton propre pays la Guadeloupe lol mdr j’espère que non bien sur